Implication
habitante
Pour la ville, il n’y a pas de transition écologique sans transition démocratique, et l’implication citoyenne est envisagée comme un véritable pilier de la méthode municipale de conduite de changement. Facteur de capacitation pour l’ensemble des acteurs (habitants, élus, agents) et de qualification de l’action publique, elle invite chacun à repenser son rôle et son engagement dans une logique de partage et de responsabilités.
Comment faire de l’implication, une force de la politique de transition ?
La culture : premier espace d’implication des habitants
Lors de la fermeture des mines (et la crise systémique que cela a engendré), la municipalité, dirigée à l’époque par Marcel Caron a axé ses efforts sur la prise en charge collective du sentiment de perte de confiance et d’estime de soi, à travers la mise en place d’une politique culturelle visant à reconnaître et valoriser la mémoire, les valeurs populaires et les savoir-faire de Loos-en-Gohelle.
La culture a été le premier espace d’implication des habitants, qui ont été invités à s’investir dans des spectacles participatifs, des travaux citoyens de recherche historique, des actions artistiques dans les anciennes
infrastructures minières, etc.
L’implication citoyenne s’est ensuite généralisée et systématisée, notamment sous l’impulsion de Jean-François Caron, qui a piloté deux projets fondateurs : la révision du Plan d’occupation des sols (POS) 1995-1999 et l’adoption de la « Charte du cadre de vie ». Ces deux documents charnières partent des besoins, du vécu et de l’expertise d’usage des Loossois, et ont constitué pour la ville l’occasion d’un diagnostic social et environnemental partagé avec les habitants. La charte du cadre de vie constitue encore aujourd’hui un cadre pour les actions de transition, ayant établi une première approche d’une politique municipale de transition systémique, impliquant de façon systématique les habitants à ces enjeux.
Progressivement, il apparaît qu’il n’y a pas de transition écologique possible sans transition démocratique. Car les changements à opérer pour prévenir les bouleversements majeurs qui s’annoncent sont si profonds, remettent tant en question nos modes de vie, qu’ils ne peuvent advenir sans l’implication de tous et s’ils ne sont pas appréhendés comme des communs.
Faire la ville ensemble
À Loos-en-Gohelle, l’implication habitante est envisagée comme une façon de conduire le changement selon des concepts de responsabilisation, de renforcement des individus et de reconnaissance de la légitimité de chacun à se prononcer dans le débat politique.
Cette dimension de responsabilisation et de renforcement des individus (aussi appelé « capacitation ») est absolument centrale : les habitants sont associés comme des acteurs de la construction de leur ville et non comme des citoyens spectateurs appelés à sanctionner ou à entériner la politique municipale au moment des élections. Il ne s’agit pas de rassembler les gens pour les écouter afin de remplir des cahiers de doléance, mais bien d’en faire des contributeurs impliqués dans l’élaboration des politiques publiques, apportant une dimension supplémentaire d’engagement dans la pratique de sa citoyenneté. C’est d’autant plus important que le territoire doit composer avec les particularités du passé minier, particulièrement paternaliste et encadrant. Dans les fondamentaux de Loos-en-Gohelle, pour être en résilience et s’adapter aux enjeux du monde d’aujourd’hui, il faut retrouver du pouvoir d’agir, de la confiance en sa capacité
à faire, de « l’empowerment ». Faire la ville est une nouvelle forme d’éducation populaire.
Le dispositif « fifty/fifty » mis en place par la ville de Loos-en-Gohelle sur le principe « gagnant-gagnant » illustre cette capacité à faire ensemble. Il s’agit d’un outil municipal de co-construction d’action publique qui vise à développer les initiatives des habitants pour réaliser des projets d’intérêt général. Il repose sur 3 principes, l’idée et l’engagement de Loossois pour la réaliser, l’appui de la commune (conseil, appui technique et/ou financier) et une convention qui cadre les choses.
L’implication citoyenne est donc un formidable levier pour mener des politiques de transition, car elle produit des résultats précieux : qualification des politiques publiques (plus proches des besoins et des usages des habitants – et donc plus efficaces, durables et appropriées), capacitation des agents/élus/habitants, restauration de la confiance envers la représentation, reconnaissance apportée à la légitimité de chacun de s’engager, création de lien social et d’attachement au territoire… Elle est un moyen efficace pour susciter l’engagement des acteurs, sans lequel la réussite de la conduite du changement est compromise.