Écomobilité
La manière dont on va d’un point à l’autre n’a rien d’anodin… Elle a au contraire un impact sur notre santé, notre sécurité, les liens sociaux que nous tissons et, à une échelle plus globale, sur l’aménagement de notre territoire et notre cadre de vie.
En effet, les transports engendrent une consommation importante d’énergie, une augmentation des gaz à effet de serre dangereuse pour notre planète et une pollution de l’air néfaste pour notre santé. De plus, l’utilisation systématique de la voiture associée à trop peu d’activités physiques contribue au problème de surpoids qui touche de plus en plus la population, notamment les enfants. Enfin, le phénomène d’individualisme lié au développement de la société de consommation et qui conduit souvent à un délitement et une artificialisation des liens sociaux est accentué par la voiture…
C’est pourquoi Loos-en-Gohelle s’est lancée dans une politique favorisant l’écomobilité. En la matière, la commune s’est fixé des ambitions très fortes : développer les déplacements alternatifs (pédestres et cyclistes…) et favoriser la mobilité entre le centre-ville et le quartier Ouest, séparés par la route nationale la plus fréquentée du département. Le processus de transformation du Plan d’Occupation des Sols en Plan Local d’Urbanisme est l’occasion de repenser tout le schéma de déplacement de la ville…
L’action entreprise marie les aménagements (en sites dédiés et sur la voirie), un travail d’amélioration de la sécurité routière (ces réflexions se doivent d’être menées conjointement, les déplacements alternatifs constituant une des réponses à la question de l’insécurité routière) et une mobilisation citoyenne autour des comportements (opérations d’information et de sensibilisation).
La ceinture verte, véritable maillage d’écomobilité
La Ceinture verte constitue la colonne vertébrale de la politique d’écomobilité menée à Loos-en-Gohelle. Ce réseau de liaisons douces (piétonnières et cyclables) en sites dédiés, progressivement mis en place depuis des années, a pour ambition de privilégier les modes de déplacement non motorisés et d’améliorer la sécurité routière, mais aussi de proposer une offre de sentiers et d’itinéraires de randonnées en améliorant les conditions d’écomobilité urbaine.
La création de ce réseau a également permis de mener des actions en matière de paysage en marquant l’identité de la commune, notamment à travers le traitement des franges urbaines bornant les entrées de ville. La Ceinture verte a aussi une grande utilité en matière de préservation de la biodiversité : elle a permis d’améliorer les qualités écologiques des espaces existants (plantation d’espèces régionales, gestion différenciée…), de créer des espaces naturels différenciés (bosquets, haies, zones humides…) et de relier les espaces entre eux (corridors biologiques) tout en favorisant les initiatives des particuliers (jardins, façades…).
Une création inscrite dans la durée
La réalisation de la Ceinture verte s’est appuyée sur une action foncière volontariste : déjà propriétaire ou bénéficiaire d’une mise à disposition de grands sites miniers tels que les terrils du 11/19, du 5, du 15 et le cavalier du 12, la commune a inscrit en 2000 dans son Plan d’Occupation des Sols, en se basant sur une étude diagnostic paysagère, une série de lots réservés sur parcelles privées en vue de réaliser un maillage entre ses lieux majeurs réhabilités ou à réhabiliter.
Sous l’égide de l’Etablissement Public Foncier (EPF), les terrils du 11/19, du 5 et le cavalier du 12 ont fait l’objet, les premiers, de travaux de réhabilitation écologique. Ils constituent également l’armature principale de la trame verte d’agglomération dite “Trame verte des grands terrils” avec laquelle s’articule la “Ceinture verte” loossoise (pénétrante vers le centre-ville via le terril du 15).
La commune a ensuite poursuivi l’aménagement par le terril du 15, la halle Salengro, l’“arrière de la Source” et la salle Duvauchelle, afin de constituer les grandes “artères” de la Ceinture verte. Le carreau de fosse de la Base 11/19 et la passerelle entre ce dernier et les terrils ont été réhabilités, créant un corridor biologique enjambant l’A21 et diminuant l’impact des coupures générées par ce grand axe routier.
Aujourd’hui, ce sont plus de 15 kilomètres en sites propres (sans circulation automobile) qui desservent de nombreux bâtiments publics (mairie, écoles, collège, salle de sport et salle polyvalente, Base 11/19…) pour tous les déplacements quotidiens tout en offrant des itinéraires de loisirs. L’objectif aujourd’hui est de densifier le réseau, de réaliser de nombreuses micro-liaisons pour assurer une continuité (y compris écologique) dans les cheminements et de sécuriser les traversées des voiries routières entre ces liaisons en sites propres.
Ce véritable maillage du territoire, qui est étendu dès que l’occasion s’en présente, sera complété par un réseau d’espaces de proximité destiné à offrir aux habitants des lieux de détente, de repos et de rencontre. Le choix d’une dizaine d’espaces qui feront l’objet d’un travail avec un paysagiste a été réalisé de manière participative et nourri des demandes des habitants et du travail réalisé dans le cadre d’autres dossiers communaux.
Enfin, la Ceinture verte servira de support à une partie des sentiers d’interprétation du territoire loossois, dont de premiers équipements ont été inaugurés début 2011. Ces sentiers d’interprétation permettront au visiteur-promeneur de découvrir les richesses patrimoniales, historiques, naturelles et innovantes de la commune. Un outil dont l’objectif est de « rendre visible l’invisible », et notamment les aménagements réalisés sur la commune en matière de développement durable.
L’aménagement urbain pour la sécurité des piétons et cyclistes
Parallèlement au développement de la Ceinture verte, la ville travaille à l’écomobilité en développant des pistes et bandes cyclables sur la voirie existante, connectées aux voies en site propre. Ces aménagements, menés en lien étroit avec la politique “sécurité routière”, ont pour ambition notamment d’améliorer l’accessibilité aux bâtiments publics et aux écoles. Les deux grands axes pénétrants de la commune sont désormais équipés, ainsi que quelques rues, et on compte 7 zones 30 km/h sur le territoire loossois.
Des travaux de sécurité routière de plus ou moins grande envergure sont par ailleurs régulièrement effectués. Une première action a consisté à aménager les abords de trois écoles et d’une salle polyvalente dans une logique d’écomobilité (largeur de trottoirs, matérialisation des cheminements piétons par du sable de Marquise…) tout en répondant aux problèmes de sécurité. Dans un processus de participation habitante, le chemin des Bleuets a été aménagé (bac à fleurs délimitant les espaces… il est possible d’avoir de bons résultats avec peu !) pour diminuer la vitesse et donner la priorité aux piétons. Récemment, de grands axes pénétrants comme les rues Hoche, Thiers (la mise en place de bandes ou pistes cyclables) a été étudiée mais n’a pu être réalisée et Denfert-Rochereau ont été aménagés (plateaux surélevés, chicanes, rétrécissement de chaussée…). Le point noir coupant la commune en deux, la route nationale de Béthune, sera aménagé pour favoriser la mobilité en 2011, avec un rond-point et un aménagement destiné aux piétons et cyclistes.
Enfin, parce qu’on ne peut concevoir promouvoir l’usage du vélo sans une offre de parkings à vélos adaptée et importante, la commune a développé un programme d’implantation de mobilier pour le stationnement des vélos. Ainsi, l’ensemble des commerces, des écoles et des équipements publics de la ville ont été progressivement équipés..
Associer et sensibiliser les usagers
Plus les aménagements envisagés sont importants, plus la commune associe les habitants dans l’élaboration du projet. En effet, il s’agit d’un très bon moyen de renforcer la pertinence de l’action envisagée, en entrant dans un processus d’intelligence collective (plusieurs élus, techniciens et habitants réfléchissent ensemble aux solutions à apporter) faisant appel à l’expertise d’usage des habitants.
Ainsi, la participation habitante rue Hoche a été très poussée, lors de l’élaboration du projet et pendant les travaux, avec notamment des réunions publiques de concertation et l’ouverture d’une page spécifique sur l’espace participatif citoyen loossois en ligne. A l’inverse, lors de travaux de sécurisation plus courants, la municipalité a convié les riverains à des réunions publiques d’information.
Parce que la sécurisation des déplacements passe par une sensibilisation aux notions de sécurité routière, la ville soutient des actions auprès des scolaires, des habitants et du personnel communal pour faire changer les comportements. L’objectif est d’inciter les habitants à prendre l’habitude de prendre leur vélo ou de marcher lorsqu’ils se déplacent sur de courtes distances. Dans cet esprit, une opération VAE (test de Vélos à Assistance Electrique) a permis en 2008 de sensibiliser le public à l’utilisation de moyens de transport autres que la voiture. L’exemple est d’ailleurs donné au niveau des techniciens municipaux par l’utilisation de vélos et tricycles à assistance électrique pour les déplacements dans la ville et la distribution des journaux municipaux.
Au niveau des scolaires, un conseiller municipal Moniteur de prévention et d’éducation routières intervient régulièrement dans les écoles primaires pour aborder les risques et les dangers de la route pour les piétons, cyclistes, cyclomotoristes et passagers de véhicules, dans le cadre de la préparation du passage de l’Attestation de Première Education à la Route. Ainsi, entre 2005 et 2011, ce sont quelques 360 élèves qui ont été sensibilisés au cours de 35 interventions. Un bon moyen également de toucher les parents…
Zoom sur l’expérience du pédibus
En partenariat avec une association de parents d’élèves et avec les enseignants, la commune a développé un Pédibus, système de ramassage scolaire à pieds. Des parents d’élèves volontaires assuraient le ramassage des enfants préalablement inscrits à des points d’arrêt. Le dispositif a compté jusqu’à trois lignes tous les samedis. Malheureusement, le changement de rythme scolaire, avec la suppression de l’école le samedi, a provoqué l’arrêt de l’opération.
Évaluer et améliorer
Au regard de sa politique en faveur de l’écomobilité, la commune a été choisie par l’ADEME et la Région comme ville pilote pour la conception des plans d’écomobilité (micro Plan de Déplacements Urbains — PDU). Sur le modèle des PDU (qui concernent les agglomérations de plus de 100 000 habitants), il s’agit de permettre aux collectivités de taille modeste de définir des programmes d’actions en matière de déplacements et d’évaluer la pertinence des actions engagées.
Des partenariats nécessaires
Un certain nombre d’aménagements pour lesquelles la commune n’est pas en maîtrise d’ouvrage (routes nationales et départementales) nécessite une collaboration étroite entre ses services et ceux des différents organismes impliqués : Direction Départementale des Territoires, Département, Région, État, Communauté d’Agglomération…
De nombreux partenariats se sont également développés avec les aménageurs privés (lotisseurs, zone commerciale…) afin de garantir l’application des objectifs de déplacements dans leur projet.