Énergie
Chaque année, 14 millions d’euros sont dépensés par la ville, les ménages, les commerces et les entreprises de Loos-en-Gohelle pour se chauffer, s’éclairer, se déplacer. C’est deux fois plus que le budget total de fonctionnement de la municipalité et sans aucune retombée locale.
Comment passer d’expérimentations innovantes mais isolées
à la massification et au changement d’échelle ?
Les premiers cailloux blancs
Dès les années 1990, Loos-en-Gohelle a été une terre d’innovation sur les enjeux énergétiques. Ainsi, en 1997, les premiers logements Haute Qualité Environnementale sortaient de terre Cité Belgique. Puis se succéderont un ensemble de réalisations : production d’eau chaude solaire sur la résidence autonomie en 2008, construction de logements exemplaire dits “Chênelet” en 2010, inauguration de Villavenir en 2009 avec 6 maisons individuelles basse consommation composées de systèmes constructifs différents, pose de panneaux photovoltaïques sur l’église en 2014, etc. Autant de projets menés avec différents partenaires institutionnels, bailleurs et entreprises qui ont permis d’ancrer la transition énergétique sur le territoire loossois.
Sur le patrimoine communal, le budget de la ville ne permettant pas une rénovation globale en une seule fois, l’alternative consiste à intervenir de manière progressive. Ainsi, de nombreuses opérations se succèdent depuis, fournissant des résultats de plus en plus convaincants.
En 2018, la ville est territoire CEE-TEPCV (Territoire à énergie positive pour la croissance verte). Une opportunité unique pour investir massivement dans la rénovation énergétique, mais un challenge à relever pour les équipes : plus d’un million d’euros de travaux à réaliser entre avril et décembre. Ce programme a permis de rénover plusieurs bâtiments municipaux, dont des écoles, ainsi que l’éclairage public. Sur ce dernier, 1100 points lumineux (soit 85 % du parc) sont à présent en LED et disposent d’un pilotage plus intelligent (programmation, variation, détection). En 2025, avec la fin des travaux de modernisation de l’éclairage public (100% LEDs sur tous les points lumineux) et la coupure nocturne de minuit à 05h, la consommation sera d’environ 80 000 kWh/an, contre 800 000 kWh/an en 2016, soit un gain de près de 90% ! L’anticipation de ces actions en faveur de la transition énergétique a permis de limiter l’impact de la hausse du coût de l’énergie début 2023. À titre d’exemple, la facture d’électricité sur les sites inférieurs à -36KVA et sur l’éclairage public n’augmente que de 165 000 € entre 2016 et 2023, au lieu de 410 000 €.
Devenir ville à énergie positive en 2050
En 2013, la venue de Jérémy Rifkin permet demettre en mouvement les acteurs de l’énergie autour d’une dynamique régionale. Quelques années plus tard, NEGAWATT accompagne la collectivité dans sa vision énergétique 2050, avec la définition d’une stratégie énergétique soutenable et opérationnelle, basée sur les réalisations concrètes précédentes et les forces du territoire.
Entre 2014 et 2017, la co-construction avec élus, agents et partenaires se fédère autour de l’approche TEPOS (Territoire à Energie Positive) et le triptyque Sobriété (consommer moins), Efficacité (consommer mieux) et Énergie Renouvelable. Réduire au maximum les consommations d’énergie et mobiliser les potentiels locaux d’énergie renouvelable s’affirme comme le cap à poursuivre.
Mais par où commencer ? Pour un jalon intermédiaire à 2025, les priorités sont
ainsi fixées :
• Rénover les bâtiments municipaux et améliorer leurs usages pour dépenser moins d’énergie et d’argent, responsabiliser les usagers des écoles et salles municipales et améliorer la qualité de vie.
• Massifier la production d’électricité renouvelable pour devenir autonome en électricité, générer un modèle économique local ouvert à l’implication des citoyens et permettre de dégager des bénéfices financiers.
• Moderniser l’éclairage public et son pilotage pour être plus efficient et économiser l’énergie
Les potentiels de rénovation sont ainsi identifiés, de même que les ressources en production d’énergie renouvelable. Le premier levier mobilisateur identifié : l’énergie solaire.
Une opération systémique : Mine de Soleil
En 2016, lors de la réflexion menée avec NEGAWATT, la ressource photovoltaïque apparaît comme un levier fédérateur pour développer la production d’énergies renouvelables.
Le potentiel de la trentaine de toitures communales est donc analysé, conduisant à la sélection d’une douzaine d’entre elles dans un premier temps. Une seconde analyse des capacités portantes et d’autres diagnostics techniques limitent le périmètre à 8 toitures.
En parallèle, le choix du modèle juridique du dispositif se précise avec le recours à une concession. Celle-ci se veut toutefois innovante avec la création d’une société de projet dont la ville est actionnaire, ainsi que ses partenaires (SEM Energies Hauts-de-France et entreprise SUNELIS) et tout citoyen le souhaitant. Ainsi née la société Mine de Soleil, co-construite avec les Loossois depuis l’origine et à chaque étape du projet.
Mine de Soleil, dans sa première phase (2017-2020), c’est 440 MWh issus de la production de 8 toitures publiques permettant de couvrir plus de 90 % de la consommation de l’ensemble des bâtiments communaux, avec un actionnariat majoritairement local et citoyen.
Ce projet incarne l’approche systémique loossoise, car à la croisée de plusieurs enjeux caractéristiques de celle-ci : implication citoyenne, transition énergétique, coopération entre acteurs où chacun est sorti de sa zone de confort, changement d’échelle, développement économique responsable. À noter également que pour chaque enfant loossois né depuis le 1er janvier 2018, la ville offre une part dans la société Mine de Soleil, soit un montant équivalent de 50 €. Certains foyers ont déjà pu bénéficier de ce dispositif, permettant à leur enfant de rejoindre la grande famille des 128 actionnaires citoyens de ce projet de production locale d’énergie renouvelable.
Mais un des principaux résultats est la capacitation pour les habitants qui se sont engagés. Certains d’entre, se revendiquant « pas écolos » deviennent ainsi les premiers ambassadeurs du projet et l’incarnent à présent au-delà de Loos-en-Gohelle. Les gens se transforment à travers l’action, deviennent ressource, développent des compétences : voilà tout l’intérêt de l’implication habitante.
La prochaine étape ? Développer Mine de Soleil sur d’autres toitures, publiques et privées, à l’échelle du Pôle Métropolitain de l’Artois, dans une volonté d’essaimage et de massification, telle que souhaitée dès l’origine du projet. Mine de Soleil est d’ailleurs labellisé EURALENS pour cette année 2023, après avoir obtenu le label Energies Partagées en 2022.