Trajectoire
Une activité culturelle et artistique coproduite avec les habitants
Loos-en-Gohelle est marquée profondément par son histoire qu’elle soit minière, agricole ou liée à la grande guerre. Son blason symbolise cela et on y retrouve notamment le Phénix qui renaît de ses cendres.
Début 1986, à la fermeture de l’activité minière, les élus encouragés par Marcel Caron, alors maire de la ville, ont rapidement apprécié l’importance du patrimoine minier et son pouvoir de transformation du territoire et des représentations de ses habitants. Ils en ont fait un vecteur de changement de regard, de redynamisation d’une population peu encline à l’initiative et un étendard de revendication d’une culture hors du commun.
Les terrils deviennent alors le support d’événements populaires. Tantôt transformés en Fuji-Yama grâce au land art, théâtres de manifestations d’enfants, de spectacles et de créations plus décalées les unes que les autres, les terrils ne sont plus vus comme des verrues, comme des « crassiers » mais comme des manifestations du changement qui est en marche.
Le carreau de fosse, également acquis par la ville, devient la « Base 11/19 » à la suite d’intenses luttes politiques contre les Houillères (entreprise publique qui exploitait le charbon) qui souhaitaient raser ces installations. Des activités se développent dans une optique de changement de paradigme. Le site devient un creuset de la vie culturelle avec des festivals, des spectacles de « sons et lumière », du théâtre et des lieux d’expression artistique. Ce développement crée aussi un effet d’entraînement sur l’économie, par la création d’emplois à forte valeur ajoutée, par l’arrivée de structures développant elles-mêmes de l’activité économique et par le changement d’image du territoire.
Par la culture, la municipalité a réussi à créer les conditions d’une mobilisation collective des Loossois, de créer du commun autour du patrimoine dans un contexte où tout se délitait autour. Il s’agissait d’aider les Loossois à tourner la page de l’époque minière, à en faire le deuil, sans pour autant rompre tout lien avec cette période, dans une forme de catharsis collective. Sans nécessairement le verbaliser en ces termes à l’époque, la dynamique culturelle a permis de prendre appui sur le passé pour créer les conditions d’un processus de résilience du territoire, transformant les cadres de pensée et ouvrant de nouveaux espaces pour l’action. Elle a posé les bases solides d’une transition en faisant entrevoir de nouvelles perspectives de développement.