Résilience & Transition

Voici les grandes étapes de la résilience loossoise

Culture & Patrimoine

Comment est née la force de la politique culturelle loossoise ?

Implication habitante

Comment faire de l'implication une force de la politique de transition ?

Agriculture & Alimentation

Sur quels leviers la commune s'est-elle appuyée à son échelle pour reconnecter agriculture, alimentation et transition ?

Energie

Comment passer d'expérimentations innovantes mais isolées à la massification et au changement d'échelle ?

Biodiversité, Aménagement & Cadre de vie

Comment la ville, avec ce contexte particulier de reconversion minière, s'est-elle saisie, à son niveau de cette problématique mondiale ?

Biodiversité,

Aménagement

& Cadre de vie

À l’échelle mondiale, l’effondrement de la biodiversité ne fait plus de doute. C’est l’une des six limites planétaires qui a déjà été dépassée en raison du taux élevé d’extinction des espèces. Selon le dernier rapport de l’IPBES (2019), sur les huit millions d’espèces animales et végétales (dont 75 % sont des insectes), environ un million sont menacées d’extinction. La France est le 6ème pays hébergeant le plus grand nombre d’espèces menacées (UICN, 2021).

Loos-en-Gohelle est une ancienne ville minière, urbanisée au cœur d’une plaine agricole. Ces deux activités économiques ont modifié le paysage et les écosystèmes locaux, créant ainsi des espaces « néo-naturels », caractérisés par la réintroduction progressive des espèces de flore et faune sur ses milieux anthropisés.

Comment la ville, avec ce contexte particulier de reconversion minière, s’est-elle saisie, à son niveau, de cette problématique mondiale ?

Retour de la nature en ville

Dans le cadre de ses réflexions sur le devenir de la ville à la fin des années 1990 Loos-en-Gohelle engage des études destinées à poser les bases d’un vaste programme favorisant le retour de la biodiversité locale.

Cela s’appuie sur des aménagements importants conduits dans le cadre de la requalification des friches minières, alors omniprésentes sur le territoire suite à la fermeture des mines. Ainsi en 1989, un écrin vert est créé autour des terrils 11/19, via la plantation de 500 000 arbres, qui viennent s’ajouter au développement végétal spontané. La même année, c’est le terril du 15, situé en centre-ville, qui est enherbé. En 1993, le terril du 5, dans le quartier Ouest, bénéficie d’une revégétalisation portée par l’Etablissement Public Foncier Régional.

La ville s’appuie sur des spécialistes tels que des paysagistes mais également sur le CPIE (Centre Permanent d’Initiatives pour l’Environnement) Chaîne des Terrils qui possède une connaissance fine de la dynamique naturelle de ces milieux et est à même de proposer des plans de gestion basés sur des suivis faune/flore précis.

Les partenariats ne s’arrêtent pas là et Loos-en-Gohelle, ayant systématisé l’implication habitante, met également en place des actions avec les agriculteurs, les chasseurs, les enseignants et leurs élèves, … C’est une bonne façon de reconquérir également la biodiversité dans la plaine agricole dépossédée de tout arbre. Dès les années 2000, les haies sont replantées le long des champs et, quelques centaines de mètres à la fois, les linéaires s’allongent. L’opération « 2 000 arbres pour l’An 2000 » permet de toucher tout un chacun. L’implication de la population va même jusqu’à lancer des campagnes de suivi comme le suivi des populations d’hirondelles sur la commune, mis en place depuis 2008.

parachutes sur les terrils de Loos-en-Gohelle
vélos sur chemin de terre à Loss-en-Gohelle

Parallèlement, le service « espaces verts », se forme à la gestion alternative et expérimente des pratiques plus vertueuses : abandon des intrants, utilisation de l’eau de pluie récupérée pour l’arrosage, multiplication des prairies fleuries et naturelles, d’arbustes à baies comestibles (à la place des massifs ornementaux classiques,) etc. Ces changements ne se font pas en un jour : l’évolution des pratiques prend du temps et se heurte à de nombreuses résistances parmi les élus, les services et les habitants. Elles s’expliquent par l’attachement à des habitudes mais  aussi par un choc des représentations quant à la « bonne gestion » des espaces verts et au rapport de chacun au « beau ». Encore aujourd’hui, la fauche tardive représente pour beaucoup un manque d’entretien et dégage une impression de désordre. Cet exemple illustre parfaitement l’importance de travailler la conduite du changement en assumant un cap mais en impliquant également les acteurs pour travailler les représentations et les habitudes de travail. Enfin, une nouvelle gestion de l’eau de pluie est engagée dès la fin des années 1990 : favoriser l’infiltration et désimperméabiliser les sols (noues, fossés), récupérer-réutiliser l’eau de pluie via des cuves, pour un total de 96 m3, soit 3 semaines d’autonomie ; ce qui est non négligeable en ces périodes de sécheresse à répétition.

Tout ceci change considérablement le territoire. D’une ex-ville minière devant gérer ses friches, Loos-en-Gohelle devient une ville plus verte, plus naturelle, avec une ceinture verte de plus de 16 km et des terrils (les plus hauts d’Europe) qui offrent un espace d’une centaine d’hectares propice aux promenades et aux sports de nature : marche nordique, trail, VTT, parapente…

jardin participatif Loos-en-Gohelle

Reconquête des espaces verts et après ?

Dans les années 2010 jusqu’à aujourd’hui encore, au croisement de la reconquête des espaces pour la biodiversité, voire de la mobilité douce, Loos-en-Gohelle se saisit de la question de l’alimentation. L’impact sur les espaces et la biodiversité se traduit à 2 niveaux :

– Comment des espaces verts et les espaces naturels peuvent également être productifs ? Comment l’évolution des pratiques agricoles permet de faire diminuer l’impact du recours aux produits phytosanitaires ?

La ceinture verte devient alors une ceinture verte gourmande avec la multiplication des plantations de fruitiers partout où c’est possible, y compris dans les espaces verts des écoles. La création de jardins nourriciers tels que celui du Coeur de Loos et du Jardin des Achillées sortent de terre, à l’initiative des habitants et des associations et avec un soutien actif de la commune.  Les espaces sont alors pourvoyeurs de nourriture mais ils sont également mieux appropriés par la population.

Tandis que la mutation des pratiques agricoles se met en route avec un recours à des pratiques raisonnées et une production biologique.

racontes-moi demain, plantation école Ovide Leroy, avril 2022